top of page
Photo du rédacteurgilbertprovaux

"LES CORDES DE PAZUZU - 2EME PARTIE "

Dernière mise à jour : 28 oct. 2023

"Je suis Pazuzu Fils de Hânpa"



V



Les jours s’écoulaient dans la violence des vents, les torrents de pluies, une luminosité famélique sur toute la planète. Nulle contrée n’était épargnée par les intempéries qui ravageaient des régions entières, villes et campagnes, semant la désolation parmi les peuples et leurs gouvernants impuissants. L’épidémie frappait, portée par l’air vicié en permanence. Un virus était identifié sans qu’aucun institut d’épidémiologie ne comprenne ni sa provenance, ni la rapidité de son mode de propagation dans l’organisme humain, encore moins comment le combattre. Les malades s’entassaient dans des hôpitaux débordés. Les morts étaient chaque jour plus nombreux. Les controverses entre scientifiques se multipliaient. Tous s’accordaient toutefois sur une diffusion aérienne s’attaquant aux individus par voie respiratoire. Port de masques généralisé, couvre-feux, confinement partiel ou total des populations, les politiques, désemparés, s’en remettaient à ces mesures d’un autre âge en cultivant l’espoir d’un vaccin miracle. Espoir tout à fait vain, dès lors que les savants s’égaraient dans leurs recherches, tétanisés par cet inconnu qui surgissait soudain faisant éclater la bouffonnerie de leur maigre savoir.


Les premières victimes étaient les femmes enceintes. Tout commençait par elles. Le virus les frappait prioritairement. Et provoquait la perte de leurs fœtus. Parfois la mort de la mère. Ensuite, chaque personne mâle ou femelle en contact était contaminée.

Que se passait-il donc ?


Ce soir-là, les talons aiguilles des cuissardes de Mademoiselle Sankeur claquèrent sur le marbre de la galerie du Carrousel. Emmitouflée dans un long manteau noir, elle allait d’un pas vif dans cet endroit déserté, vers le département des arts et cultures Babyloniens au cœur du Louvre.


Paris - Musée du Louvre
Paris - Musée du Louvre

Le grand musée avait été fermé pour éviter tout rassemblement de public, risque de contagion oblige. Diane Sankeur, elle, avait rendez-vous avec le Conservateur. Elle avançait dans une semi obscurité sans difficulté. Elle connaissait bien les lieux. Une lueur diffuse agonisante s’infiltrait par les milles facettes translucides de la pyramide inversée. Cette atmosphère silencieuse qu’elle troublait de son pas décidé lui plaisait beaucoup. Cependant, plus elle approchait de son but, plus elle mobilisait ses sens. Il pouvait y avoir du danger. Damien et elle était, une fois encore, engagés dans une partie périlleuse. Elle déboutonna son manteau et dégrafa les holsters où reposaient ses Luger sur chacune de ses hanches. Et sur la pointe des pieds, passa sous les lions Assyriens. Sur sa gauche, au bout du couloir aux bas-reliefs, elle aperçut une vive lumière intermittente, des étincelles jaillissant d’une alcôve de laquelle provenait une sorte de bourdonnement. S’approchant précautionneusement, elle vit surgir le dos d’une femme qui reculait en agitant les bras devant elle, cherchant à se protéger du rayonnement lumineux. Elle se retourna brusquement mais, aveuglée, elle ne vit pas Diane tout de suite. Celle-ci la plaqua dos au mur et la regarda. C’était une petite vieille qui écarquillait les yeux et s’exprima dans une langue inconnue. Diane lui tenait les bras, essayant de la comprendre. L’autre ferma brusquement les yeux et une étrange chaleur se diffusa dans ses bras. Rapidement sa peau devint brûlante au point que Diane dût la lâcher et se trouva repoussée violemment. La petite vieille se redressa, gagnant une ou deux tailles de plus. Ses yeux vicieux se fixèrent sur Mlle Sankeur qui comprit qu’elle n’avait point affaire à un adversaire conventionnel.


Et quel était ce pendentif autour de son cou ?


D’une détente imparable, Diane faucha de ses longues jambes la créature féminine qui s’écroula au sol. Puis Diane se redressa d’un bond dégainant ses révolvers, en appuyant son talon sur le cou de la créature pour l’immobiliser. Mais alors, ce n’était plus à nouveau qu’une ancêtre, que Diane souleva jusqu’à elle sans difficulté après avoir rangé son artillerie.

A ce moment, la vieille esquissa un mauvais sourire et appliqua sa main libre sur le visage de Diane surprise. A ce contact, ses joues s’enflammèrent, elle ressentit une brûlure intense et dû lâcher prise en criant de douleur et de rage. L’autre prit la fuite tandis que Diane, vite remise, l’ajustait et tirait. Elle lui logea une balle dans la jambe sans la ralentir et se précipita à sa poursuite. Tout à coup, la vieille s’arrêta net devant la pyramide inversée, une silhouette lui barrait le passage. Damien !


Il tendit son bras droit comme pour attraper quelque chose au-dessus de lui. L’anneau d’émeraude qui ornait son doigt se mit à luire intensément et l’épée de Saint-Jean apparut. Il l’abattit sur la poitrine de la vieille qui recula sous le coup. Aucun sang ne jaillit de la longue plaie qui déchirait le torse jusqu’à la taille. Elle tituba. Damien la tenait en respect. Elle grogna, fit un bond prodigieux et disparut.


. J’ai emprunté l’aile Sully comme au bon vieux temps, l’ancienne entrée principale du musée sous les colonnades de Perrault. Le Conservateur a été tué. J’ai trouvé son cadavre encore chaud à la porte de son bureau.

. Peut-être aurais-je pu, en arrivant plus tôt…

. Non. Vous étiez à l’heure fixé par lui de votre rendez-vous, vous n’aviez aucune raison de supposer ce qui allait se passer. Vous avez été comme toujours, parfaite ! Venez plutôt voir avec moi ce que faisait cette créature devant la Pierre de Kudurru. Et si vous le voulez bien, glissez dans une des poches de votre manteau ce pendentif un peu lourd qui pesait à son cou.

. Le pendentif ! Votre épée le lui a arraché !

. Elle venait de le dérober ici même. Pas question qu’elle s’en aille avec !

. Pazuzu ?

. Lui-même ! Une de ses très rares effigies sur laquelle figure une formule célèbre. Néanmoins, eu égard aux circonstances actuelles, d’un grand intérêt. Pour des gens comme nous, s’entend…



Ils s’approchèrent de la Pierre.

Dressée devant eux, elle était toute griffonnée de caractères cunéiformes sur une face. Ce n’est là qu’une sorte de titre de propriété relatif à une parcelle de terrain, précisa Damien Sator. Ils la firent pivoter. Voilà ce qui intéressait la créature que vous avez surprise : sur l’autre face apparaissait les divinités garantes de cette charte. Elles étaient disposées en six registres superposés.

. Voyez Diane, en commençant par en haut et de gauche à droite, le premier registre,

. L’étoile d’Ishtar, très nettement… La meilleure des garanties !

. Certes ! Cependant, on n’est jamais trop prudent, les scribes ont scrupuleusement déroulé tout un panthéon hiérarchique visant à rendre impossible toute contestation.

. Quel juridisme ! Au deuxième registre, je reconnais les tiares cornues des grands dieux, Anu, le Ciel doyen de ce panthéon, Enlil, Seigneur Atmosphère, et peut-être ici Enki, dieu de la Sagesse…

. C’est bien lui, l’inventeur de l’Homme, sa barbe ne trompe pas, le père de Marduk dont le sanctuaire a été profané par les fanatiques islamistes…

. Oui, il faudra peut-être y retourner.

. Peut-être. Peut-être pas. Au troisième registre sont deux dragons à cornes associés au stylet de Nabû, dieu des scribes et cette bèche pointue est justement celle de Marduk, dieu tutélaire de Babylone. Il aura de la promotion dès que Babylone sera devenue la Cités des Cités, Marduk, Dieu des dieux !

. La masse d’arme, au quatrième registre a des têtes de lions, Nergal ?

. Tout juste ! le dieu des Enfers et de la Peste ! Et au cinquième registre un homme-scorpion, sans doute une évocation de la victoire de Marduk sur lui et sa tribu.

. Tout en bas, sixième registre : deux éclairs et un taureau, Adad, dieu des pluies et de l’orage. Nous devrions le convoquer par les temps qui courent !

Damien sourit au sourire malicieux que Diane arborait. Ils étaient accroupis au bas de la stèle. Il lui prit la main et ils se redressèrent d’un même mouvement. Nous le ferons, lui dit-il, ou bien nous irons le voir.

. Et Pazuzu ? Il ne figure nulle part sur cette pierre.

. Non, Diane, ce n’est qu’une divinité secondaire, sa garantie n’était pas considérée comme aussi essentielle que les dieux que nous avons identifiés. Ce qui ne signifie pas qu’il est inoffensif. Pour preuve tout ce qui arrive au Monde aujourd’hui. Car c’est lui qui a été libéré des sables irakiens par la sauvagerie ignorante de criminels qui ont d’ailleurs tout de suite payé de leur vie cette libération. Grâce lui soit rendue. Bien ! Diane, êtes-vous venue avec la jaguar ?

. Ah oui alors ! J’adore conduire ce bolide !

. Elle est vraiment faite pour vous, ma Chère ! Conduisez-nous à Roissy, nous avons un avion à prendre !


Lilith - Diana Van Damme
Lilith - Diana Van Damme

VI




« Je suis Pazuzu fils de Hânpa ; je suis le Roi des Mauvais Esprits de l’Air qui sort violemment des montagnes en faisant rage, c’est moi ! ».

Dans le coupé jaguar, une petite merveille de collection d’un vert foncé opalescent, que maniait avec une évidente jubilation et un mépris total des limitations de vitesse, une Diane Sankeur ravie, son compagnon récitait de mémoire la formule gravée sur le pendentif figurant le grimaçant Pazuzu. Ce démon, ou génie selon d’autres désignations, était le maître des vents chauds de l’Est, invoqué pour protéger ses thuriféraires des vents d’Ouest pestilentiels. Il était ainsi ambivalent, capable de provoquer les pires épidémies, les destructions et les massacres sanglants, mais sa malfaisance pouvait se tourner en bienfait pour qui l’avait appelé à l’aide.

Diane, tout en maîtrisant son coursier sur une autoroute rendue difficile par les trombes d’eau qui s’abattaient sur eux, écoutait attentivement les remarques à haute voix de Damien dont la familiarité avec ces sujets ne laissait pas de la captiver encore, alors même qu’elle était sa seule et unique intime depuis tant d’années vécues à ses côtés. Tant d’années sans que jamais la passion ne se relâche.

. Et sa compagne, dit-elle, n’en a-t-il aucune ?

. La compagne de Pazuzu ! Oui ! Bien sûr ! Il en a une ! Mais ce n’est pas un ménage très heureux. Si je ne me trompe pas, elle se nomme Lamashtu. Il est à la fois son époux et son adversaire. Elle est une effroyable démone qui n’hésite pas quelquefois à lui jouer de très vilains tours. Et… Elle s’en prend aux femmes enceintes. Se pourrait-il qu’elle soit sortie elle aussi de son sommeil millénaire, en même temps que lui ?

. Et qu’elle soit venue au musée du Louvre en même temps que nous ? C’était elle n’est-ce pas ?

Monseigneur Damien Sator de Saint-Jean approuva de la tête. Elle est décrite comme une vieille femme qui va sur son âne ou dans sa barque, précisa-t-il, pensif…

Ils gagnèrent bientôt l’aéroport. La jaguar était équipée du pass leur permettant d’accéder sans retard à leur avion, un impressionnant jet privé dont l’arrière était ouvert comme une énorme gueule béante dans laquelle ils s’engouffrèrent par la rampe d’accès qui se rétracta et se referma dès qu’ils furent à l’intérieur. Le pilote et son copilote s’informèrent de savoir si Mademoiselle Sankeur ou Monseigneur désirait piloter eux-mêmes comme il arrivait certaines fois et, devant leur refus, ils s’installèrent aux commandes, direction New-York. Le steward s’empressa auprès d’eux. Ils burent du champagne en se délassant et choisirent le menu du dîner. Ils avaient faim.

Plus tard, tandis qu’ils survolaient l’Atlantique Nord après avoir franchi non sans difficulté les épaisses couches nuageuses instables qui semblaient vouloir emporter l’appareil dans d’effroyables tourbillons, Diane et Damien

s’accordèrent un peu de repos dans leur compartiment privé. Diane prit une douche pendant que Damien lisait, allongé sur un confortable divan. Lorsqu’elle réapparut, enveloppée dans un peignoir de bain, il avait fermé les yeux. Elle s’approcha doucement, lui pris le livre des mains, marqua la page et le posa sur la table basse à côté. Elle regarda à travers le hublot, la nuit. Et là-bas, où ils allaient, c’était déjà le matin. Dans le ronronnement sourd des moteurs, elle entendit un bruit. Un sas qui se refermait. Elle écarta imperceptiblement le rideau épais garant de leur intimité, jeta un œil et vit le steward remonter de la soute. Il prenait des photos de l’intérieur de l’avion avec son téléphone mobile. Puis il se cala dans un siège et se concentra sur le texto qu’il allait envoyer. Il sentit soudain une présence au-dessus de lui et sur sa nuque la pointe d’un couteau. Une poigne de fer lui saisit les cheveux et le tira brutalement en arrière, du sang coula sur son cou. Elle le jeta à ses pieds où il se contorsionna en geignant.

. Pas de panique Monsieur l’espion ! Ce n’est qu’une égratignure !

Elle lui écrasa l’estomac d’un coup de talon fulgurant. Il se recroquevilla de douleur. Elle l’obligea à se redresser en le saisissant à nouveau par les cheveux, le propulsa sur le fauteuil et lui administra une série de gifles en allers-retours qui le laissèrent groggy. Elle vérifia le téléphone.

. Qui appelles-tu « Mon Commandant » ?

Il ne répondit pas. Elle le saisit par le menton pour l’obliger à relever la tête.

. Alors ?

Il articula péniblement :

. Mon supérieur, police militaire…

. C’est bien cela, tu nous espionnais, petit sergent ! Nous n’aimons pas ça… Explique : d’où viennent les ordres ?

. Mon commandant veut vous connaître, c’est, euh, confidentiel. Il m’a demandé de me renseigner sur vous, je ne veux pas avoir d’ennuis…

. Tu viens d’en récolter ; des gros ! Comment es-tu arrivé jusqu’ici ?

Il expliqua qu’il avait eu une information à propos d’une enclave réservée à l’aéroport. Il avait placé des hommes à lui en surveillance discrète. Lui-même avait filé les pilotes et identifié le steward de service sur le vol prévu. Il avait pris sa place après l’avoir enfermé chez lui sous une bonne dose de puissants sédatifs. Bien entendu, son commandant avait été tenu informé à chaque étape.

. Je crains que la communication ne soit coupée, désormais. Et pour toujours ! S’exclama Mlle Sankeur.

. Vous ne pouvez pas, vous n’avez pas le droit, c’est impossible, s’écria le sergent en bondissant du siège. Il saisit le bras de Diane qui tenait le couteau. Elle le repoussa en plaquant sa main sur son visage, ses doigts nerveux aux ongles longs fouillant les yeux. Il hurla, se débattit, essaya un coup de genou, se coupa à la lame du poignard de Diane qui lui fit un croche-pied. Il chuta violemment en s’accrochant au peignoir de bain qui glissa sur lui, le gênant dans ses mouvements. Nue, mais nullement désarçonnée pour autant, elle le foudroya d’un coup de pied dans les côtes, le retourna, lui administrant une clé au bras. Puis, elle le réinstalla sur un siège et le menotta solidement avec sa propre ceinture de pantalon.


La plaque de Lamasthu
La plaque de Lamasthu

Alors, Damien Sator s’approcha. Il portait sur son bras un beau kimono noir aux tigres dorés.

. Permettez-moi, Diane, dit-il en le lui passant.

Elle s’y glissa avec volupté, sourit et s’assit sagement face au sergent mal en point et décontenancé. Damien s’accroupit près d’elle. Tous les deux fixaient le soldat. Diane prit la parole :

. La communication a été coupée ; elle doit l’être pour toujours, c’est ce que j’ai dit.

. Sans contredit, confirma Damien. Puis, en regardant le sergent ligoté :

. Nous sommes encore au-dessus de l’océan. Plus pour très longtemps car nous allons devoir entamer notre descente. Nous espérons que vous aimez la natation, quoi qu’il y ait de grandes chances que vous ne ressentiez plus rien avant d’avoir touché le flot. Nous allons vous éjecter et advienne que pourra ! Si cela peut vous réconforter, sachez que, pendant que vous batifoliez avec mon amie, je m’occupais des pilotes. Ils vous ont précédé sur le chemin que vous allez prendre.

. Mais, qui êtes-vous ? Qui ?

Diane fronça les sourcils et gronda :

. Il est funeste de s’interroger ainsi, comme vous le voyez. Allons, nous avons à faire !

Alors se produisit un choc qui fit trembler la carlingue. Le sergent fut pris de convulsion. Ses yeux se révulsèrent et sa face vira au verdâtre. L’avion était comme assailli par une tornade sablonneuse. Des vents contradictoires, inattendus

à ces hauteurs, se déchainaient. Et un rire caverneux tonitrua à travers la bouche déformée du soldat. Il se transformait. Une forme remuait sous sa peau. Il rompit ses liens et ses mains devenues énormes s’abattirent sur le cou de Mlle Sankeur. Elle réagit vite en plantant son couteau dans le flanc de son adversaire. Il la lâcha. Elle en profita pour sauter sur ses épaules essayant par la pression de ses cuisses de lui briser la nuque comme tant de fois elle l’avait fait dans les combats. En vain.

. Assez, femme ! s’exclama-t-il ; prétends-tu te mesurer à un dieu ?

. Un dieu ? Toi, Pazuzu, un dieu ? Répondit, goguenarde, la voix de Damien Sator tandis que Diane ôtant son kimono se mettait en garde, nue, prête à reprendre la lutte. Un dieu de seconde zone ! Tu n’es même pas sur la pierre de Kudurru !

. Saint-Jean ! Chevalier de Saint-Jean, je ne t’ai pas oublié ! Nous avions conclu un pacte !

. Je ne l’ai pas rompu. C’était il y a longtemps…

. Oui ? Peut-être, je ne sais pas trop ce que c’est, le temps. Les hommes sont toujours là. Et toi aussi Chevalier !

. Nous ne sommes plus sous les murs de Saint-Jean d’Acre.

. Ah ! Cette femme, là, dont le regard farouche ne me lâche pas, me plaît ! Elle n’était pas là-bas. Je la veux, je veux la posséder, donnes-la moi !

. Cette femme est sous ma protection. Elle est mienne Pazuzu. Et moi, je lui appartiens. Cela suffit. Tu dois regagner les quartiers que le temps t’avait attribué. Tu as semé un grand désordre sur la Terre, cela doit cesser.

. Et je devrais t’obéir ? Les désordres ne sont pas de mon fait. Les hommes s’y entendent sans mon aide. Moi, je suis la rage des vents, je ne me calme pas, on m’a réveillé, je déferle. Et l’Autre aussi est sortie. Cette vieille peste demeure introuvable.

. Je pourrais peut-être faire quelque chose la concernant, mais toi Pazuzu, il faudra bien cesser ce jeu qui ne t’amuse plus vraiment. N’est-ce pas la raison de la visite dont tu m’honores à l’instant ?

Pazuzu partit d’un grand rire sonore se débarrassant de la dépouille du sergent qui le recouvrait encore un instant auparavant. Le corps en lambeaux que piétinait le dieu jonchait le sol. La face grimaçante de Pazuzu paru. Il bomba le torse, étira ses membres faisant craquer ses jointures jusqu’au bout des griffes qu’il avait pour mains. Et dans son dos ses ailes libérées frissonnèrent d’aise. On eût dit une monstrueuse libellule. Il disparut avant que sa carrure ne pulvérisât l’avion. Diane Sankeur sentit sur sa nuque comme une morsure légère. Elle frissonna regardant dans un miroir. Il n’y avait pas une marque. Pazuzu, en partant, n’avait pas appuyé.

Après avoir passé une tenue d’aviateur, elle rejoignit Damien Sator dans le cockpit. Il était déjà aux commandes. L’atterrissage était proche.



Méphisto - John Buscema
Méphisto - John Buscema

FIN DE LA DEUXIEME PARTIE...


Gilbert PROVAUX

2021



5 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comentários


bottom of page