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"LA FOLIE"


« Chamcha le regardait avec de grands yeux.

- C’est fou, hein, dit-il. Qui sait si les anges dorment, sans parler de rêver. J’ai l’air d’un fou. Oui ou non ?

- Oui, vous avez l’air d’un fou.

- Alors, nom de Dieu, gémit-il, que se passe-t-il dans ma tête ? »

(« Les versets sataniques », Salman Rushdie)



Que se passe-t-il dans nos têtes ? Le ramdam, le désordre, l’abîme qui nous regarde et que l’on voit soudain nous regarder. La raison est un idéal, un peu triste, limité, que l’on s’est donné pour échapper à l’angoisse, lorsque les rassurantes divinités ont quitté les cieux bariolés de nos croyances. Le Dieu unique a fait office de passeur, solitaire et transitoire. Il fait aujourd’hui semblant d’être là, se rappelant à nous avec la violence du désespoir quand les fous de Lui frappent au couteau, à la bombe, au fusil-mitrailleur, au suicide.

Freud, le Grand Viennois athée, écrit « L’avenir d’une illusion », il y note : « Mais la détresse demeure et avec elle la nostalgie du père et des dieux ».

Car « l’homo-sapiens », l’homme-savant, est resté à l’état de projet même si l’on s’illusionne de le croire accompli.


Mais l’homme-savant n’est pas l’homme raisonnable, il y a des savants fous qui ne sont pas écrasés par la déesse Raison et qui préfèrent la séduire en l’entraînant sur les sentiers fructueux de l’étrange. Ce qu’ont fait des savants comme Einstein par exemple, qui disait que la science ne pouvait pas se passer de l’imagination ; ou comme les physiciens quantiques dont les bizarreries font fonctionner nos plus quotidiennes technologies. Les physiciens et astrophysiciens de la théorie des cordes, des super cordes, qui conçoivent plus globalement une théorie « M », pourquoi M » ? Pour « Mystery » osent-ils s’exclamer en riant ! Un peu fous ces savants, comme le furent Démocrite, qui, sur l’agora d’Athènes, au Vème siècle avant J.C., énonce : « Tout ce qui existe dans l’univers est le produit du hasard et de la nécessité », formule qui fit venir les larmes aux yeux de Jacques Monod, prix Nobel de médecine en 1965 lorsqu’il la découvrit et lui donna le titre de son ouvrage le plus retentissant en 1970. Et puis, en désordre, Torricelli, Galilée, Copernic ; notre libertin repenti et parieur Blaise Pascal, Léonard de Vinci, d’autres encore, marqué du sceau indélébile et qui souvent coûte cher, de la folie.

La folie ! Quel mot ! Deux syllabes seulement pour dire tout l’homme !

Celui de tous les côtés de la raison quand celle-ci prétend n’en avoir qu’un, le bon. La raison, deux syllabes aussi, dures, autoritaires, faites pour l’emporter. Alors que l’autre, ce sont deux syllabes venues d’une seule « Fol », foglia, feuillée, la feuille d’automne emportée par le vent, comme dit la chanson. Folie qui virevolte et se pose avec ses copines rassemblées sur la maison, la cabane des enfants, toujours prête à s’effondrer. Peut-être accueillait-elle trop d’araignées dans le plafond. Ce sont-là constructions extravagantes, ces folies que se faisaient offrir les élégantes, luxueuses, rococo, baroques…

« Fol y allais, fol en revins » disaient, fatalistes, les paysans au moyen-âge, parlant de leur pèlerinage en forêt de Brocéliande pour se baigner à la fontaine de Barenton, censée guérir les têtes folles et qui se gardait bien de le faire.


Gustave Doré
Gustave Doré

L’homme est une folie dans la folle profusion de l’Univers.

L’état que l’on prétend « normal » est l’exception, ou plutôt le degré zéro de la folie où l’esprit est en grand danger d’anémie. Au-dessous, c’est l’hibernation, le retrait du monde, l’isolement, le repli, l’oubli de soi et des autres. Tout cela sur le même thermomètre gradué, nous sommes tous plus ou moins fous, « la normalité » est de même nature que la folie, c’est la folie acceptable, qui se nie elle-même pour se faire toute petite et faire semblant de disparaître derrière les larges épaules du « Moi » social. Quitte à provoquer un jour, une espèce d’état de manque, qui viendra inéluctablement troubler nos fragiles défenses raisonnables.

Ce monde, le nôtre, se meurt par manque d’imprudence nous fredonne Brel, le principe de précaution nous interdit la grande aventure, celle qui fut notre passé plein de surprises, d’heurs et malheurs, de phénoménales découvertes, d’excès prodigieux, d’amours impossibles, de beauté tragique, de rêves plus grands que nous, d’artistes titans portant le sublime aux fondations même des civilisations. Loin, très loin, de nos pauvres considérations à petit budget, de nos désirs muselés dressés à consommer du factice dans l’insatisfaction infinie et la frustration permanente.

Nous vivons à l’économie. Petits porteurs, petits épargnants, petites économies, petites retraites, petits bonheurs.

Nous devons nous restreindre un peu plus chaque jour : ne plus allumer les lumières inconsidérément, couvrir de honte Versailles et la Ville-Lumière, ne plus se nourrir de viande, ne plus boire d’alcool, ne plus fumer, ne plus se chauffer selon nos besoins de chaleur, juste ce qu’il faut pour ne pas avoir trop froid et en ayant soin de vivre chez soi bien couvert, pas question de se mettre à son aise. A son aise, un petit nombre, petit là aussi, continue d’y vivre mais comprenez vous, ce n’est pas là une conduite généralisable, encore moins recommandée par les Autorités morales compétentes.

Et d’ailleurs, nous rappelons à l’ordre ces gens-là, à longueur des campagnes menées sur les réseaux sociaux qu’ils ont créés pour nous et où ils ne sont pas. Eux vivent avec la vérité de l’idée de progrès. Nous, nous n’y avons même plus droit.

Car il faut sauver la planète, mieux : la vie ! Nouvelles divinités indiscutables, c’est le retour à l’adoration de la déesse-mère, la préhistoire, et son corollaire : la détestation de l’histoire humaine ! D’une folie, l’autre ! Comme si nous devions vivre éternellement ! Comme si nous devions et pouvions stopper le réel. Et cela nous incomberait. A chacun d’entre nous de faire des efforts. Eux n’ont pas à en faire, ils ont d’autres chats à fouetter si je puis encore me permettre d’user de cette cruelle métaphore.

Pendant qu’ils fabriquent l’avenir, ils ont besoin de tout ce dont nous devons

nous priver.

Nous devons passer au vert, sans rien changer, ce « nous » est parfaitement trompeur et lorsque nous parviendrons au vert, ils y seront déjà passés. Et nous attendrons les ordres écocitoyens, engagés, responsables. Ecrasés par les recommandations, conseils, lois, règlements, de l’hypocrite, menteuse, indécente Raison. L’affolante et mercenaire Raison !



Cette raison-là est une folie. Une folie furieuse.

Il est temps de présenter la Dame. Dame Folie s’il vous plaît ! Belle et qui fait peur à voir, horrible et merveilleuse, catastrophique et délicieuse.


Voyageuse, elle dirige le pas de l’humain depuis l’origine, les conduit à l’abîme, sur les bords des volcans, aux confins des toundras, des steppes gelées, des glaces polaires, les pousse à s’accrocher aux tempes des montagnes, à braver la falaise, à défier le désert brûlant, la forêt millénaire, l’océan que l’on dit indomptable. L’humain s’y installe, il se fait à tout, il est partout chez lui et, déchiffreur de langages contre Dieu, chassé des cieux, construit ses tours de Babel pour s’y propulser comme il créa jadis des jardins suspendus pour une reine rêvée à Babylone. Ronald Laing savait bien que la folie est un voyage dont il ne s’agit évidemment pas de guérir. Un voyage qui se fait jusqu’au bout et dont on revient plus fort, peut-être ; une aventure.



Roland TOPOR
Roland TOPOR

Qui a aimé sait qu’on aime à la folie, pas « normalement ». Cet amour fou qui consume les poètes, les saints et les martyrs, qui nomment paradis l’enfer de leur désir, le style de leur folie.

Laissons les à leurs tourments, à ce « mal qui nous fait du bien », chante Ferré, « et mon mal est délicieux » entonne Apollinaire… Pour rallier la folie bâtisseuse des monumentales expressions de la pierre : de l’idée mégalithique qui taille et lève partout ses bornes insolites et ses tombeaux surgis de la terre, aux géométriques pyramides, aux colossales statues, à l’élégance du Parthénon, à l’envol des cathédrales, toutes constructions pour durer, toutes constructions pour l’éternité. Mais la folie pratique aussi l’éphémère en des happenings de songes creux, de châteaux de sable, de désirs contrariés, irrépressibles pourtant, lorsque l’esprit battant la campagne traque la beauté de l’instant et va « comme un cheval fou », dirait Arrabal bien oublié aujourd’hui.

Le moi est ce fameux cavalier de Freud, qui doit se constituer assez puissamment pour être en mesure de dominer le cheval sauvage des pulsions. Avant d’être un langage selon Lacan, ou, carrément, de n’être qu’une chimère dont aucun neurologue n’a jamais découvert la moindre trace dans nos cerveaux post-modernes aux zones si bien identifiées, l’inconscient avait la forme d’un iceberg, c’est peut-être pour ça d’ailleurs que nos doctes phrénologues d’aujourd’hui ne le trouve pas, il aura fondu entretemps, conséquence imprévue du réchauffement climatique qui affecte, manifestement aussi, nos intelligences asséchées.

Un iceberg, disais je, tel que décrit dans la seconde topique : la partie émergée, infime, est le surmoi, où résident les forces mentales oppressives et nécessaires qui tentent d’imposer leur loi permettant à nos psychés d’admettre et respecter la vie en société, les obligations morales, les interdits, etc. La partie immergée est la plus grosse. Elle est énorme, c’est le fond profond sans fond, le « ça » où règnent confusion, contradictions, tous nos refoulements, nos souvenirs enfouis, nos sombres désirs réprimés et qui bougent encore, rongeant leur frein, fomentant les révoltes ; nos hontes, nos rages, nos longues plaintes et jusqu’à notre animalité, nos tendances les plus brutales. Jung y ajoutait les archétypes, la mémoire occultée de l’espèce. Et ce Monstre rêve…


Podkowinski_-_La_Folie
Podkowinski_-_La_Folie

Entre le « surmoi » et le « ça », le « moi » s’interpose. Toute sa formation doit se faire en vue de le fortifier pour qu’il puisse vivre en parfait équilibre dominant les ruades et soubresauts, les galops effrénés de sa monture impossible. C’est dire l’importance que l’on doit accorder à l’éducation des enfants dès leur premier contact avec le monde.

S’il se laisse écraser par un surmoi trop pesant, castrateur, il vivra une vie étouffée par le devoir, l’obéissance, la soumission à la règle, l’adoration angoissée de la Loi. Ses névroses, qu’il ne reconnaîtra jamais, naîtront de son conformisme généralisé et de la souffrance secrète qu’il lui occasionne. Le principe de réalité triomphe. L’hyper-normalité, concept élaboré par David Cooper, chef de file des psychiatres « Antipsychiatres », mouvement témoignant de la richesse des travaux entrepris dans les années 60/70, sur la folie d’un point de vue libertaire, est un délire psychotique obsessionnel terrifiant qui peut atteindre et entrainer des foules entières, ainsi que le montre Reich, qui n’emploie, bien entendu, pas le terme, dans sa « Psychologie de masse du fascisme ».


Si, au contraire, le moi est trop faible pour résister aux assauts et coups de boutoirs du ça, il sera totalement débordé et englouti par le désordre et les pulsions irrésistibles du principe de plaisir. Asocial, il ne comprendra ni ne voudra comprendre les limites qu’on lui impose, ni aucune valeur qu’on voudrait lui enseigner, hors celles de son bon plaisir. Autant il rejette qu’il sera rejeté. Sa névrose lui fera la vie impossible, il va perdre conscience de la réalité, il sombrera dans la psychose.


Les « serial killers » qui tant fascinent les populations autant que les romanciers et producteurs de cinéma, ne sont, pour la plupart, que des hyper-normaux, dont le désir de normalité tourne à l’obsession morbide. Dire qu’ils sont sociopathes est une facilité de vocabulaire pseudo technique trompeuse. Et se satisfaire d’un vocabulaire animalier dans l’air du temps, « Prédateur », « Proie » est fondamentalement inapproprié. Sans parler des vocables religieux du type « le Mal », voire « Le Mal Absolu ». Leur psychose ne leur permet pas de se reconnaître dans la réalité du monde tel qu’il est, qui nécessite des codes, des « médiateurs », des chemins de traverse, des tours et détours, pour y assouvir ses désirs. Eux, ils vont directement à l’objet, comme un enfant capricieux, au risque de le casser. Et de devoir en trouver un autre. Nul ne les voit venir, d’où le danger. Et pourquoi donc ? Parce qu’ils se sont faits semblables à la « normalité » qui les englobe. Sociopathes ? Allons donc ! Plus que normaux, hyper-normaux ! Tellement, que loin d’être ces grands intellectuels, esthètes raffinés que nous représente le cinéma ou la littérature, nous avons affaire, en réalité, à de pauvres bougres, des « monsieur-tout-le-monde ». A tel point qu’ils sont très difficiles à identifier, tous les enquêteurs vous le diront !


Notre célébrissime voïvode, Dracula, était un guerrier respecté, un authentique défenseur de son peuple chrétien contre les forces expansionnistes ottomanes. Ses pratiques violentes étaient répandues partout à l’époque, quoi de plus normal ? Gilles de Rais, compagnon d’arme de Jeanne d’Arc, Erzébet Bathory, Comtesse hongroise appréciée jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir, combien d’autres qui nous horrifient, étaient l’expression de la puissance féodale dans toute l’Europe. Normaux !

Laissons les puissants : le jeune Pierre Rivière, modeste paysan de chez nous va tuer sa mère, sa sœur et son petit frère, par goût de la justice et amour de son père systématiquement déconsidéré et humilié par sa conjointe et ses autres enfants. La solution qu’il trouve au problème, il le reconnaîtra lui-même est extrême, mais il n’en voyait pas d’autres à ce moment-là pour faire cesser ce qu’il percevait comme un scandale, aussi rapidement que possible ; aux grands maux les grands remèdes dit la sagesse populaire ! L’Eventreur Victorien, surnommé Jack, ne faisait que purger la société de son temps et de son lieu, du mal qui, selon lui, aussi bien que selon les journaux de l’époque, la littérature, les études sociales, insupportait tout le monde. Plus près de nous, le fameux Dahmer manifestait un besoin d’affection que chacun peut admettre. L’angoisse de l’abandon le poursuivait depuis l’enfance. Il tuait ses partenaires pour les garder près de lui le plus longtemps possible. Amour fou, possessif, amour à mort. Dahmer savait ce qu’il faisait. Lorsqu’il a fini par être appréhendé, il n’a pas voulu être considéré comme fou, il a tenu, avec toute la lucidité d’un homme « raisonnable » à être condamné et exécuté.


Dahmer from "culture déconfiture"
Dahmer from "culture déconfiture"

On pourrait multiplier les exemples.

Mais les meurtres, les horreurs pratiquées parfois sur les cadavres ! Eh quoi ? Le meurtre et les actes odieux sur les morts ne sont-ils pas pratiqués à grande échelle par tous les peuples dans tous les temps, aux motifs acceptés par tout un chacun, dûment « normal », à savoir, religieux, ethniques, guerriers ? Ceux qui aiment le cinéma se souviendront de « Monsieur Verdoux » de Charlie Chaplin et en tireront, je l’espère, motif à réflexion.


La Parole crée le fou.

Comme le normal : conforme à la norme et relative comme elle. Relisez Pascal, « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Car toute parole crée. Ainsi la parole du bon docteur Knock crée le malade. La parole d’autorité : celle de Dieu, qui crée le Monde, ou du Savant qui crée le Fou.

Le traitement crée la maladie. Traiter quelqu’un de « malade mental » ou d’aliéné, (l’étranger !) c’est décider de son destin social. Donner des anxiolytiques à un anxieux, c’est lui signifier qu’il est malade et qu’il doit y croire. Il consentira à sa névrose et la calmera à coup de chimie appliquée. Et tout découlera de ça quoi qu’il entreprenne dans la vie. On ne lui aura pas dit que tout le monde est névrosé et qu’il faut s’arranger avec ça chacun comme il le peut sans nécessairement recourir à la béquille pharmaceutique toujours invalidante.



Jadis, il y eut les « fous du roi », les « idiots de village ». Ils faisaient partie de la société. On vivait avec eux, on savait vivre avec eux, on les connaissait. On ne sait plus. Nous connaissions des gens, amis, proches, ou pas, sujets aux sautes d’humeurs, ils étaient « d’humeur changeante », il ne fallait pas faire attention… Dûment recensés par la Psychiatrie, les voilà « Bipolaires ». Désormais, on peut les traiter comme il le méritent. Normalisons !




« Notre façon d’examiner un patient pour élucider les signes et les symptômes de son état mental est une bonne manière de le rendre fou, ou encore plus fou » écrit Ronald Laing dans « Sagesse, déraison et folie » en 1985. La folie institutionnelle ajoute à la folie ses propres comportements et idées délirantes, pas étonnant qu’il soit si facile de se retrouver interné !

En fait, la société appelle « fou » celui qui choisit des voies (à défaut d’entendre des voix) qu’elle ne reconnaît pas et n’admet pas. Celui-là est diagnostiqué schizophrène. Il se sent très mal à la table de l’humanité. Il veut sortir, s’extirper de là, de lui-même et de tous les autres en lui et autour de lui. Il se dresse au milieu des convives qui le regardent, décontenancés. La nausée le saisit. Il s’écroule, emportant avec lui la nappe et tout le dressage dessus dans un vacarme assourdissant.



« Tu ne connais peut-être pas l’histoire du schizophrène paranoïaque qui se prenait pour l’empereur Napoléon Bonaparte et qui accepta de se soumettre au détecteur de mensonge ?

La question qu’on lui posa : êtes-vous Napoléon ?

Et la réponse qu’il fournit, avec, sans aucun doute, beaucoup de malice : Non.

Et ils regardèrent la machine, qui indiquait avec toute la perspicacité de la science moderne que le fou mentait »

(In Salman Rushdie « Les versets sataniques »)



Gilbert Provaux – Février 2023

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