Texte politique écrit entre les deux tours des élections présidentielles 2017, il s'agit d'une espèce d'état des lieux et de défense contre ceux qui voulaient absolument que nous votions Macron pour faire barrage au FN. il me semble avoir encore son utilité aujourd'hui ? A vous de juger...
G. PROVAUX
"Nous y voici. Le Pen au second tour. Et ça recommence ! Affolement général, hauts cris, colères froides ou chaudes, rappels à l’ordre, à la responsabilité, à la morale - politicienne s’entend, la seule que connaissent tous ces politicards qui hurlent à la mort lorsqu’un peuple, dont ils ignorent tout et qu’ils se gardent bien de fréquenter, n’a pas fait ce que l’on attend de lui.
Méprisable peuple, stupide troupeau, qui ne voit pas où se trouve son intérêt, qui décidément, ne veut toujours pas se résoudre au Monde tel qu’il est. Car c’est ainsi, il n’y a rien à changer. Si, peut-être quand même, il faut faire des réformes. De celles qui lui prennent le peu qu’il a acquis au fil des luttes, par ses propres moyens, en arrachant à ses maîtres millénaires, hydre sans cesse renouvelée, quelques possibilités de mieux vivre. Peu exigeant le peuple, mais c’est encore trop ! Une imbécile assise sur ses privilèges, jolie femme au demeurant, nourrie au lait de l’économisme anglo-saxon, ne s’est-elle pas permise, fronçant le sourcil à la télévision, de lui reprocher à ce peuple, français comme une injure, de vivre au-dessus de ses moyens ? Ah ces français ! Ils ne savent décidément pas se tenir dans le Monde ! Ils en sont encore à manifester dans les rues, à casser des vitrines, à faire la grève. Les stars américaines, de passage à Paris, sont choquées, traumatisées, elles n’ont pas pu joindre le Georges V, leur taxi a été bloqué par la foule, oh, my God, shame on you !
Vivent-ils au-dessus de leurs moyens ces milliers de travailleurs pauvres qui dorment dans leur automobile parce qu’ils n’ont pas de quoi louer un appartement ? Ces malheureux enfants qui vont chercher dans les poubelles des centres commerciaux de quoi bouffer ? Ces chômeurs en fin de droit, ces bénéficiaires des minima sociaux ? Bénéficiaires ! Comment peut-on nommer « bénéficiaires » ces gens auxquels on fait l’aumône en supposant qu’ils s’en contenteront ? Toute cette foule immense que nulle Rotonde, nul Fouquet’s, nul Interallié, nul Siècle, que sais-je encore, n’accueillera jamais sauf à ce qu’elle les prenne d’assaut ? Chiche ! Il y a de ces surprises quelquefois, de celles que l’Histoire n’oublie pas, même si nos dirigeants font tout pour ça en la défigurant en toute occasion.
La configuration qui a placé les candidats Le Pen et Macron au second tour est la suivante :
Un gouvernement socialiste du pays.
Un malheur n’arrivant jamais seul, voici qu’après la Droite et son exécrable Sarkozy, survient la Gauche et son non moins exécrable Hollande. Gros espoir dans le pays, grosse déception dès les premières mesures. Une catastrophe pour les milieux populaires, tout pour les patrons des multinationales, rien ou pas grand-chose, pour eux. Un premier ministre se fait applaudir au Medef, méprise les syndicalistes (sauf les gentils qui le servent avec zèle) qu’il met en prison, méprise plus encore la rue levée contre ses lois et son usage forcené de l’arbitraire. Enfin ! La prise de conscience a été longue, il en a fallu des avanies, des reniements, des atermoiements, mais voilà elle est venue : désormais, on sait que le parti socialiste, la gauche qui se prétend elle-même de gouvernement, n’a plus rien à voir avec le socialisme et ne devrait plus oser s’affubler du qualificatif « de gauche ». Il est vrai qu’au XIXème siècle, cette gauche- là chargeait sabre au clair sans état d’âme contre les ouvriers qui eux, plus clairvoyants qu’aujourd’hui, n’appartenaient aucunement à la gauche mais au mouvement socialiste œuvrant à l’émancipation des peuples. Pour mémoire, je rappellerais aussi que les CRS, que certain chanteur célèbre se plaît à embrasser, n’ont pas été créés par la Droite mais par le gouvernement Guy Mollet, SFIO. On pourrait continuer longtemps. Il importe de relever que ce quinquennat a été celui des trahisons les plus éhontées, les plus indignes qui se puissent concevoir. Autre exemple : voici des gens, qui se nomment donc et sans vergogne socialistes, qui importent des USA une technique de désignation de leur candidat par des primaires. Chacun signe une charte qui l’engage à soutenir le vainqueur. Or, que font-ils dès que ce candidat a été élu ? Ils s’empressent tous de renier leur engagement et courent embrasser la cause d’un ancien des leurs, plus malin qu’eux, partis faire cavalier seul. Sans hésiter, ces gens sans honneur, menteurs et hypocrites, plantent dans le dos de leur candidat régulièrement désigné les couteaux de leur duplicité. Ce pauvre candidat, Mr Hamon, n’osera pas se plaindre. Jamais il ne quittera ce parti d’infâmes lui qui se fit « frondeur » naguère. Une bien douce fronde que celle-là et qui ne porta pas très loin.
La Droite la plus bête du Monde.
Elle existe toujours. On vient d’en avoir la preuve. Singeant les socialistes, la voici elle aussi s’adonnant aux primaires. Une idée idiote est souvent la mieux partagée. Un canasson imprévu en sort vainqueur : le Seigneur étriqué, grave et probe de Sablé-sur-Sarthe, qui fit la leçon à tout le monde avant que de sombrer corps et bien après d’odieuses révélations de détournement de fonds publics, entre autres. Probe disais-je ? Une image, c’est tout, fausse évidemment. Loin de se retirer du jeu ainsi qu’il s’y était engagé bruyamment s’il devait être requis par les juges, l’animal s’est braqué, s’est maintenu et est arrivé ce que chacun a vu. Pour la Droite, adieu veaux vaches cochon couvées, et pourtant Dieu qu’elle y avait cru ! Bon, elle n’a pas trop à s’en faire, ce ne sont pas les élections qui font le pouvoir mais, dans le système économique qui est le nôtre, le libéralisme ultra ou citra, et qui est l’idéologie dominante depuis au-moins cinquante ans, ce sont les dirigeants des entreprises multinationales et les conseils d’administration des banques. Ce sont chez eux que nos élus vont chercher leur feuille de route. Ce sont eux qui sont propriétaires des médias (Ô la belle, la farouche indépendance des journalistes et de tous ces fainéants bavards arrogants, incultes à gages, je veux dire les « chroniqueurs » chargés d’abrutir encore un peu plus un peuple maltraité partout sur les chaines de télévision).Eux qu’il faut renflouer en priorité quand ils ont trop joué et fait sauter la baraque, la crise disent-ils, avec l’argent public bien entendu.
La Sainte Table renversée ?
Il y a une table où les places sont chères. Une fois qu’on y est assis, on ne veut plus en bouger. En bout de table, le Président-Roi de la République trône. Le plan de table est la morale des convives. A sa gauche et à sa droite, celles et ceux qui y siègent depuis des lustres se sont persuadés qu’ils y sont de toute éternité, de droit divin en quelque sorte par la grâce d’une Vème République bonne fille faite pour eux et pour eux seuls. Cette république-là a été habillée comme il faut, éduquée à bonne école, respectueuse du propriétaire privé, bourgeois, grand de préférence, et patron ou comme on dit depuis PDG. Elle a prévu, dans sa logique admirable, que les lois ne sauraient émaner du peuple lui-même, brouillon, contradictoire et surtout démuni. Qu’est-ce qu’un pauvre peut prétendre défendre ou organiser puisqu’il n’a rien ? Ce serait le pouvoir à la canaille et notre République que les ascendants de Mme Le Pen appelaient la gueuse, n’en veut plus, elle s’est enrichie.
Attablés à droite, nous trouvons les autoproclamés Républicains (ex UMP, ex RPR, ex UDR, ex…) et leurs vieilles pantoufles centristes (UDI, MODEM, ex RI, ex DC, ex Marais, c’est dire le cloaque où barbotent les crapauds, prudents et versatiles, qui voudraient se faire aussi gros que leurs alliés). Ce n’est pas que les Républicains les apprécient mais ils peuvent être utiles et ne coûtent pas grand-chose, un poste par ci, une mairie par-là.
Attablés à gauche, les sociaux-quelque chose (au choix démocrates s’il on est charitable, libéraux si on l’est moins). Ils ne se sont pas encore décidés à se débarrasser de l’épithète « socialiste » , paresse de nantis qui ne savent pas à quoi ça correspond mais qui sentent d’instinct, par vice, qu’elle pourrait servir pour couverture pratique par gros temps d’élection ou de troubles quelconques. Auprès d’eux, ils ont aussi leurs centristes (PRG, batraciens du marais évoqué plus haut dont la pathologie mentale est de se croire mieux à gauche) et puis les Ecolos, facétieux et frivoles (EELV), bouffons du Roi. Acrobates pittoresques, ils tiennent à une chose seulement être là. Bien oublié leur initiateur au pull col roulé rouge, verre d’eau en main, défiant l’establishment. Bien oublié cette intelligence vive, solide et généreuse, de René Dumont le précurseur qui écrivit « Seule une écologie socialiste… ». Bien oublié cet homme vrai qui parcourait la planète de la Chine de Mao au Cuba de Fidel en passant par l’Afrique (qu’il voyait déjà « mal partie ») et chaque fois inlassablement se battait sur le terrain au soutien des paysans, pour le développement des richesses agricoles dans le respect de la Terre et le partage entre les peuples de ses bienfaits, pour combattre la faim et la misère… Mais qu’est-ce que ça peut bien leur faire tout ça aujourd’hui ? Vieilleries tiers-mondistes dépassées. D’autant que leur maître « à penser » a la tête dans l’assiette depuis un bon moment maintenant. Il bâfre ce héros de Mai qui fut rouge puis vert puis quoi ? Rien. Un animateur sportif pour chaîne payante, un chroniqueur rigolard au tutoiement facile, faux et dévalué. Passons. Il y eut les communistes aussi dans ce micmac. Inconsolables des programmes communs et des gauches plurielles. On ne les convie plus trop au banquet, alors, ils essaient d’exister ailleurs tout en braquant un œil mouillé vers ces « socialistes » auxquels ils pourraient encore mendier quelques subsides. A moins que ce ne soit la larme de joie de qui voit trébucher l’allié qui les perdit.
Et voilà qu’à l’horizon se pointe le casque plaqué-or de la Marine. Elle a les crocs, elle en veut. Elle veut en être. Elle ne veut rien renverser. A elle, éructe-t-elle, la table et les chaises ! Et c’est tout. Le peuple dont elle se réclame à hauts et à cris n’est là que pour la porter. Il n’y aura rien pour lui sinon des policiers, des milices pour que « ça » marche droit, extrêmement à droite ; des matraques pour garder le rythme, des ratonnades, ah le bon vieux temps, pour qu’on voit qui est la patronne ici. Rien de nouveau sous le soleil brun repeint en bleu marine. Mais le peuple que l’on a désespéré depuis combien d’années, auquel on prend tout et sous tous les prétextes, jusqu’à son mode de vie, sa bonne humeur, ses traditions de solidarité, sa santé, ses fêtes. Ce peuple qui n’existe plus jusqu’ à ce qu’on s’aperçoive que non, il dure, mais comment fait-il ? Mal nourri à l’américaine, mal logé dans les cités, quartiers et autres zones sensibles. Sensibles ? Atomisé le peuple, par la règle libérale de la compétition, cette concurrence libre et non faussée. Éléments de langage n’est-ce pas ? Dispersé le peuple par la vérité de ces mots horribles, indécents, qui est la guerre de tous contre tous. Pauvres contre pauvres, miséreux contre miséreux. Mais jamais riches contre riches ou alors, quand ça leur prend, ce sont les pauvres qui meurent.
Aussitôt, autour de la table, les permanents frémissent, fulminent, s’indignent. Branle bas de combat ! Empêchons l’Importune de s’asseoir à la table, c’est notre table ! Comme en 2002, il faut barrer la route au Front National ! Mais pas comme en 2002, nul besoin de Front Républicain affiché. On a la parade : Mr Macron. Il est celui que les électeurs ont désigné pour le second tour face à Mme Le Pen. Son score le place en tête et, quoi qu’on en dise, il est des nôtres. Honte à celui qui ne lui manifeste pas son soutien ! Haro donc particulièrement sur celui qui les a fait trembler. Haro sur ce malotru qui jadis s’installa à table pour changer le menu et, comprenant qu’on n’y parviendrait pas de la sorte, a quitté les banqueteurs se jurant d’y revenir mais pour tout renverser cette fois, table, chaises, plats et ripailleurs. Haro sur ce malotru qui, aujourd’hui, ne veut pas jouer le jeu. Ne veut pas se soumettre à l’injonction du vote Macron. Ne veut pas se soumettre à l’injonction d’appeler celles et ceux qui l’ont suivis à voter Macron au prétexte qu’il vaut mieux que l’autre, alors que de toutes leurs forces ils ont combattu ce Macron comme cette Le Pen.
Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre. Personne parmi nous n’aime Macron. Cependant, de deux maux choisissons le moindre. Optons pour Macron ! Ce ne sera qu’un tour pour rien puisque Macron ne changera rien d’important et qu’on pourra continuer à gouverner. Il ne pourra rien faire sans nous. Déjà Baroin, misant sur une cohabitation heureuse, se prépare à être son premier ministre et les socialos, Valls en tête, commencent à grogner qu’ils ne peuvent pas être ignorés dans la prochaine majorité présidentielle. Ce sera du gâteau puisque Macron nous veut tous.
On explique au malotru que personne ne lui tiendra rigueur de son vote Macron, qu’il peut même se contenter d’appeler à voter Macron ; une fois dans l’isoloir chacun trahit comme il veut, sa classe sociale, ses camarades, ses amis, ses idées, sa parole…Ensuite, une fois Macron élu, chacun reprend ses valeurs, ses colères, ses chansons, paroles et musiques, va défiler s’il le souhaite et le jeu continue entre soi. Malheureusement, le malotru renâcle. Il ne l’entend pas de cette oreille. C’est qu’il a porté les couleurs d’une France Insoumise. Pas question de se soumettre à ces calculs de basse politique sous prétexte de défense de la Démocratie ou de la République. Il fallait y penser avant. La faute du malotru, Mr Mélenchon pour l’appeler par son nom, eût été justement qu’il donnât une consigne de vote à l’issue du premier tour ou, pire encore, qu’il se ralliât à Mr Macron sans état d’âme pour parler comme les journalistes.
Contre le Front National et sa candidate Marine Le Pen.
A destination des déficients polymorphes, comme des professionnels de la mauvaise foi, précisons que le programme de la France Insoumise est aux antipodes de celui de Mme Le Pen. Au sein de ce mouvement, personne ne peut voter, en conscience, pour elle. Ou alors, c’est n’avoir rien compris et de cela seul est responsable celui ou celle qui n’a pas compris. Car tous les moyens pédagogiques ont été déployés sur tous les tons partout.
Maintenant, le Front National. Il ne date pas d’hier même s’il est bien maquillé. Mais la question n’est pas là. Elle est la suivante et m’a été inspirée par l’essayiste de gauche (gauche « Hamon ») Raphael Glucksmann : le Front National est-il ou n’est-il pas républicain ? L’essayiste répond par la négative et, face au danger bien réel appelle à voter Macron comme les autres. Or, dans la même intervention, il se prononce en faveur de la proportionnelle, partielle ou totale peu importe, et de la présence de députés FN à l’assemblée ainsi que d’élus aux différents postes des institutions de la République, conseils généraux, régionaux, mairie, assemblée européenne, etc. Alors quoi ? Le FN est assez républicain pour l’assemblée nationale, qui vote les lois, et pour les instances territoriales et supra-nationales, mais pas pour la présidence de la République ? Et pourquoi donc ? Il y aurait là un domaine réservé, sur quels critères ?
Je ne sache pas que le FN ait été interdit. Il reçoit les financements de l’Etat prévu par la Loi, il est reçu par le Président à l’Elysée au même titre que les autres, il a des élus partout, et Mme Le Pen a même été conviée par Mr Hollande à l’hommage national pour le policier tué sur les Champs-Elysées. Alors ? Dites-moi mes bons apôtres, il fallait l’interdire si ce parti ne se conformait pas à la Loi.
L’astuce Macron
La voilà la solution trouvée par les partis autour de la table qui se sont partagés le pouvoir pendant toutes ces dernières années et, en dépit du désaveu cuisant qu’ils viennent de recevoir, entendent bien continuer : un beau jeune homme tout neuf, ou presque, une allure de premier communiant, propre sur lui, poli, qui saura se tenir à table avec nous. Il plaît aux "pujadas" de service, flanqués de leurs "lea salamés" en adoration. C’est tous les jours le 25 décembre avec sa crèche, son Jésus-Macron, Joseph, Marie, l’âne et le bœuf, chacun s’y reconnaîtra. Bienveillance obligée pour le jeune premier prodige. Filons la métaphore : voici Jésus enfant faisant la leçon aux rabbins du Temple. C’est merveille que de le voir… Et puis il parle anglais ! Il connaît tous les hommes d’affaire importants sur la planète ! Le nouveau Tony Blair ? Non, mieux, John Kennedy !
Cette créature-là est l’enfant chéri des médias, le produit achevé de l’idéologie anglo-saxonne dominante, grimée à la mode de chez nous. Une pincée d’ouvriérisme jaurésien quand il parle à Charleville-Mézières, une grosse louche de bons sentiments partout et, pour l’essentiel, une sauce libérale bien relevée. Il n’est pas socialiste, ce n’est pas une surprise, encore moins une révélation. Il n’est pas « de gauche ». Non, c’est vrai ? Mais attention, il n’est pas de droite. Ah ? J’aurai pourtant juré que… Au centre ? Lequel, droit ou gauche ? On n’en sort pas décidément ! Il est d’où alors ? Eh bien, dit-il, il prend à droite les bonnes idées qui s’y trouve (lesquelles ? ça fait des années que la droite nous régale de ses idées qui nous ont conduit en si piteux état) et à gauche pareil (voir parenthèse précédente). En fait, ne réalise-t-il pas au grand jour ce que le Front National désignait comme l’Etat UMPS ? Qui fait le jeu du Front National, dites ?
Mr Macron est le candidat de ceux qui pensent vivre dans le meilleur des mondes possibles. Ceux qui ne s’abstiendront jamais : ceux qui font partie grosso modo de ce que les sociologues appellent la classe moyenne supérieure. Bien dans leur société, ils se réfèrent volontiers aux droits de l’homme sans, toutefois, préciser de quels hommes. Alors disons-le pour eux, ceux qui leur ressemblent, qui réussissent, qui gagnent. Désinhibés, décontractés, vraiment cool, et dominateurs. La compétition est naturelle, sans doute pourquoi ils se préoccupent d’écologie, la réalisation de soi, la puissance de vivre, sont d’enviables projets d’existence. Et les autres ? Quoi les autres ? On y pense, on les aidera, nous sommes tous des humains. Il y a les minima sociaux. On pourrait même imaginer un revenu universel d’existence. Si ça ne nous coûte pas trop cher, ça pourrait nous éviter ces déplorables mouvements sociaux qui prennent en otage l’économie du pays (oui, c’est comme ça qu’ils parlent…). Au reste, nous avons des artistes, des chanteurs de variétés sympathiques et charitables, qui, en quelques concerts humanistes nourriront bien ces déclassés, ces exclus de la croissance qui encombrent les entrées de magasins ou d’immeubles, ou traînent sur les trottoirs de nos si belles villes. On y pense à nos pauvres. Ah, beau présent, bel avenir !
Barrer la route au FN, voter Macron ?
Le but de cette injonction, n’est pas autre chose que de reconduire, comme à chaque fois, la situation actuelle si dure aux pauvres. Peu importe du moment qu’on a écarté le FN. Or, c’est cette attitude qui crée et fortifie en continu ce même FN auprès des pauvres. En se satisfaisant de reconduire le monde tel qu’il est ad vitam aeternam. Eh bien moi, de la France Insoumise, moi qui n’accepte pas ça, au nom de quoi devrais-je, toute honte bue, contribuer à ce mensonge ?
Le mépris du peuple fait le FN. Cette extrême droite qui tant vous tarabuste au moment des élections, vous ne l’avez jamais combattue. Jamais. Il aurait fallu pour cela changer la société de fond en comble. Ce qui pour vous est pire que l’arrivée aux portes du pouvoir du FN. Peut-être même pire que l’arrivée au pouvoir du FN. Car vous trouveriez encore de la ressource pour vous en arranger.
Ni Le Pen, ni Macron, relever le front !
Révolution. Mr Macron en a fait le titre de son livre, quelle dérision ! Le mot aurait dû lui sauter à la figure ! Quoi ? Ce mot formidable, cet acte fondateur, ce défi lancé au destin malheureux des foules humaines dans l’Histoire, cet appel crucial, irrésistible et généreux à relever le front, usurpé par ce monsieur insipide, sans vision autre qu’une vie de propriétaire !
Encore une histoire de front, mais il n’a rien de national celui-là ! Il s’agit d’un Front Révolutionnaire, venu de longtemps mais toujours brûlant sous les braises jamais éteintes. Oui, ce beau front-là contre tout factice front républicain. Contre, surtout, ce front « national » rabougri comme ce qui n’est que tristement « national », hideux sous le masque rafraîchi, ce front qui joue les bonnes âmes. Ce front que toutes les peurs taraudent et poussent à la haine des autres en méditant la soumission de chacun aux ordres des gardes chiourmes déjà prêts, qui nous seront donnés ; en préparant la mise au pas de nos aspirations les plus hautes, de nos rêves les plus fous, en crucifiant la Liberté au fronton de nos révoltes.
La dignité de Mr Mélenchon a été à la hauteur au soir de ce premier tour où, à travers lui, nous étions bien prêts de vaincre.
Cette dignité a été la nôtre. La bataille a été bien menée. Comme notre grande Révolution, elle n’est pas finie. Poursuivons. Ne laissons à personne le soin de diriger notre conduite. Ne sommes-nous pas des Insoumis ? "
Gilbert Provaux – 28/04/2017
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