Je marchais en forêt
Sur un sentier délicat comme une piste
J’allais au pas du promeneur
Immergé, réceptif, une confiance absolue dans mon corps livré
Ainsi que par l’hypnose
Moi, je ne savais rien, ni vers quoi j’avançais, ni quand, ni où ma promenade avait commencé
Mais tout autour de moi, régnait la pertinence du chemin
La nuit viendrait. Je fredonnais un chant pour la Nuit, assis sur une souche préparée pour mon rêve. Le matin, à mes pieds mouillés, donnerait un autre départ.
La forêt plus profonde s’abstient de tout soleil.
Demeure cependant en ses obscures trames, la lumière aux milles sources, rendue par la terre en ces cieux d’arbres et leurs visitations d’air pur, par clairières, là-haut. Et par l’amour qui croît en folles calligraphies de ronces et d’herbes délurées, écriture inconnue dont je pressens la sève.
!["FORET" - Tableau de Gilbert PROVAUX](https://static.wixstatic.com/media/6ace17_efc1afb008de4ee8a70b2e4eb9b6051d~mv2.jpg/v1/fill/w_147,h_175,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,blur_2,enc_auto/6ace17_efc1afb008de4ee8a70b2e4eb9b6051d~mv2.jpg)
Il monte dans mes veines des fluides envoûtants. Un délicieux désir d’accouplement me vient que ne satisferait nulle femme m’offrant sa beauté sépulcrale allongée demi nue au pieds d’un chêne d’or, entre ses racines émergeant de l’humus, noueuses et semblables aux monstres de la mer dont les huit bras commandent aux portes englouties des chambres de Méduse.
Non, elle ne le pourrait pas. Car tout ici est sexe, parfums, bruits, frémissements. Incarnation pour ma vision d’abord, la vision première en tout, puis le toucher à mon vouloir.
Ô mon vouloir ! Le sexe est obéissance et solitude. Je jouis tout seul à même la mort.
Je marchais en forêt
Sur un sentier délicat comme une piste.
Gilbert PROVAUX