Je respire dans le salon scintillant d’astres, les parfums délectables qui montent des libres jardins abandonnés. Que de fleurs ont poussé !
Des camélias, des pensées, à foison et dans le désordre ;
Des lilas ont grimpé les murailles ;
Au parterre, les violettes s’étalent au pied des arbres morts qui reverdissent ; méconnaissables, les roses, rouges et bleues, or, roses et blanches, entremêlées, griffent les pierres du tombeau.
Un ange au fier sourire, de ses ailes de vampire, bat au-dessus d’elles, l’air embaumé de leur fragrance et ainsi les pousse jusqu’à moi.
Mes narines extasiées rendent à mon esprit aux biens macabres dispositions, un peu du plaisir auquel les porte leur nature précieuse.
Je ris pour moi tel un idiot déclamant des poèmes indécents aux oreilles du Monde où je vis ; seul, à l’écart des lois physiques et même, plus pertinemment, des règles de tous les jeux.
Une fée promène par ici son feu mélancolique qui me chauffe le cœur ; disparaît par là-bas où somnole le muguet.
Je songe longtemps encore, sous la lune d’Artémis à la flèche précise, au bonheur supérieur de son évanescence.
Gilbert PROVAUX
Étonnant texte champêtre et trés agréable à lire, c'est le bon moment pour le publier j'y suis particulièrement réceptif, merci donc😉