Ce couvre-feu est un coup de marteau supplémentaire sur le cercueil refermé sur le cadavre d'une longue et belle culture désormais exclue des nouveaux temps.
Cela couvait depuis la fin du siècle dernier.
Et comme si la nature se mettait au diapason de la dynamique de l'évolution de nos sociétés, elle parachève le processus avec une de ces épidémies dont elle a le secret. Nos dirigeants retrouvent les bons conseils des Diafoirus du temps et leurs impérissables prescriptions moyenâgeuses, quarantaine, masques, confinement, couvre-feu...
Bouffonnerie de la science dite "moderne" : on sait explorer l'infiniment grand, nous nous promenons avec une assurance amusée dans l'infiniment petit depuis qu'Heidelberg, Bohr et leurs camarades nous ont initié aux principes d'incertitude qui régissent le pays des quantas, nous avons nous-mêmes appris à créer en laboratoire bactéries et virus, et nous voilà démunis, panicards, impuissants. C'est que le choix de tout sacrifier aux délires économistes, cette pathologie comptable dont on se moquait au XVIIIème siècle, coûte cher, c'est le cas de le dire, à tout ce qui faisait la valeur de l'aventure humaine : le souci de l'autre, le soigner, le guérir, l'éduquer, l'initier à la beauté, à l'Art, à la qualité d'une vie à durée limitée.
Qu'a-t-on à faire de tout ce fatras, éructe l'économiste, qui paiera ?
Et aujourd'hui nous y voilà. Les armes pour lutter contre le virus, on ne les a plus. On manque de lits dans les hôpitaux, on manque de personnel, plus personne ne veut faire médecin, moins encore dans les campagnes, les laboratoires s'adonnent aux délices de la concurrence, le privé, le public, la gestion, cette plaie qui paralyse toute action, plus de patients, non, des clients, comme au bordel ! Plus rien n'a de sens. Et le fanatisme religieux a repris une vigueur renouvelée dans le sang et le massacre préparé par des discours, des attitudes, complaisants à l'égard des religions les plus meurtrières de l'histoire ! On décapite un prof d'histoire, justement ! On extermine toute une rédaction de journal, des gens qui font terrasse en buvant un coup, des passants, des flics aussi, pour le plaisir de Dieu.
Alors oui, pourvu que la jeunesse ne se laisse pas faire, qu'elle fasse vivre la flamme fragile de la vie alimentée à la culture, théâtre, cinéma, créations multiples, multiformes, pour dépasser l'époque mortifère, nihiliste que nous vivons !
Pourvu que la jeunesse………
Gilbert Provaux – 20 octobre 2020
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