Ô torrent de mes bourrasques
Quand récidivent les fous assassins
Portés par leur instinct
A trancher dans l’aurore
La gorge du matin !
L’arbre d’or croît sur ma peine,
Les racines dans la boue et les schistes,
Taillés en pointe de flammèches,
Au bord d’un profond miroir
Qui réfléchit dans les nuits immobiles
Le visage blême de la lune
Dure large ronde face simplement là.
Sans doute n’aurai-je pas dû regarder.
Désormais, je vois. Et les choses se montrent,
Vierges malignes qui se dévoilent
Uniquement pour moi.
Emerge une forêt, lourde de racines puissantes, de terre, de mousses,
Où tout fut broyé, hommes et bêtes, cervelles, moelles et os, sang,
Terreau ancien, herculéens anneaux du serpent Python, Histoire !
Je vois sous la forêt un poisson hérissé de nageoires venimeuses.
Un poisson dur comme un roc primaire, décroché d’une harpe noire figée
Comme à Sodome, par le feu qui fait pierre le bois souple qui chanta.
Un canope pour mes entrailles, sous la canopée, est le jouet d’un ange
Accroupi dans la fange, souillé.
Et la forêt va à la mer.
Elle singe la mangrove des îles,
Se couvre de coquillages, de répugnantes anémones, de méduses,
S’enfonce d’abymes en abymes, infiniment suaves,
Jusques aux couches des femelles déterminées aux bassesses,
Visqueuses et que devina le maladif reclus de Providence.
Gilbert PROVAUX
Toute l'horreur chère à Lovecraft est parfaitement restituée. Bravo ! On atteint les sommets des hallucinations !
Fort texte comme à l'accoutumée, quelques lignes ou suinte Lovecraft bien sur, mais ou je lis ta colère désabusée pour la Forêt bretonne de Brocéliande et son arbre d'or, ou encore le fameux miroir aux Fées. Il y a aussi une pensée pour les monts d'arrée, une Bretagne qui subit une fois encore, les dégâts des hommes en tourisme de masse. C'est de la poésie certes, il y a donc sans doute, bien d'autres choses sous-jacentes et que je ne devine pas, même si tu y reviens toujours, comme une obsession peut-être, mais qui nous régale tout autant ...